La Chute

« J’avais rêvé, cela était clair maintenant, d’être un homme complet, qui se serait fait respecter dans sa personne comme dans son métier. Moitié Cerdan, moitié De Gaulle, si vous voulez. Bref, je voulais dominer en toutes choses. (…) Je brûlais de prendre ma revanche, de frapper et de vaincre. Comme si mon véritable désir n’était pas d’être la créature la plus intelligente ou la plus généreuse de la terre, mais seulement de battre qui je voudrais, d’être le plus fort enfin, et de la façon la plus élémentaire. La vérité est que tout homme intelligent, vous le savez bien, rêve d’être un gangster et de régner sur la société par la seule violence. Comme ce n’est pas aussi facile que peut le faire croire la lecture des romans spécialisés, on s’en remet généralement à la politique et l’on court au parti le plus cruel. Qu’importe, n’est-ce pas, d’humilier son esprit si l’on arrive par là à dominer tout le monde ? »  (Albert Camus, La Chute)

Ce qui est admirable, chez les grands écrivains, c’est qu’ils percent à jour les figures de la nature humaine dans leur intemporelle vérité.

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(PS : La Chute est un livre que j’ai lu deux fois. Je ne me souvenais plus de ce passage. Merci à Richard Gonzalez d’avoir retrouvé ces lignes, et de m’avoir entraîné dans la Chute, une troisième fois.)

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Brian Thompson

J’ai lu ce roman au moins 15 fois. Il repaie chaque fois la relecture, on y découvre à chaque fois quelque chose que l’on n’avait pas (suffisamment) remarqué ou compris. Signe d’un grand livre.