Voir avec des yeux de peintre

« Voir avec des yeux de peintre, nous dit Bergson, c’est voir mieux que le commun des mortels ». Car le commun des mortels, poursuit-il, ne voit pas les objets, mais les conventions interposées entre l’objet et nous. « Celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l’usage pratique et les commodités de la vie et s’efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste ». Un peu à la manière des Fauves (contemporains de Bergson), qui, affirmaient-ils, peignaient ce qu’ils voyaient : des formes et des couleurs.

J’ai une amie peintre, qui, dans une interview récente, raconte que visitant l’exposition Fra Angelico qui s’est tenue au musée Jacquemart-André, elle avait été frappée d’entendre les spectateurs lire chaque élément de tableau comme un rébus : ici tel saint, là tel miracle. Elle ajoute : « personne ne semblait voir le magnifique travail de la couleur. Je me suis dit que j’étais contente d’être une peintre abstraite : il y a moins d’écrans entre la peinture et celui qui la regarde ».

La question est : que voyait Fra Angelico ?

fra_angelico_-_couronnement_de_la_vierge.jpg

Fra Angelico Le couronnement de la Vierge

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