Une amie m’écrivait il y a peu : “Arbon”… ton nom d’artiste m’évoque l’Arbre…
J’aime ce lien entre l’arbre et l’artiste. Tant mieux si je suis concerné. J’y vois bien sûr tout cet imaginaire autour du “chanteur perché”, dont j’ai déjà parlé longuement. Mais j’y trouve aussi, plus profondément, cette vérité poétique que formulait Rainer Maria Rilke :
Etre artiste ce n’est pas compter, c’est croître comme l’arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents de printemps, sans craindre que l’été puisse ne pas venir. L’été vient.
Voilà, c’est ça: je suis confiant. Mon été d’artiste va venir, même si je suis un arbre à floraison tardive, même si c’est à l’automne, même s’il s’apparente à un été indien.
Et pourquoi pas dès cet été? En Avignon? Parce qu’il n’a pas poussé en pleine nature, mais au sein de la société organisée des hommes, je me sens assez proche de ce platane, que j’ai pris en photo non loin du théâtre des Amants.
Et parlons aussi de ses racines, de la riche terre de culture où elles plongent ; de l’humus des feuilles d’observation qui fermente au pied de l’Arbre, nourrissant la sève qui s’élève jusqu’à son
feuillage miroitant. D’où cette confiance, d’où la prestance de l’Arbre qui cherche sa lumière au dessus de la forêt des demeures.