Cinquième symphonie

Hector Berlioz était abasourdi par la musique de Beethoven. Il a cherché, par des études critiques, à cerner au mieux la puissante impression qu’elle lui laissait. A propos du premier mouvement de la Cinquième Symphonie, qui est sans doute aujourd’hui le passage le plus célèbre de toute l’oeuvre du compositeur allemand, il écrit :

« C’est tantôt un délire frénétique qui éclate en cris effrayants; tantôt un abattement excessif qui n’a que des accents de regret et se prend en pitié lui-même. Écoutez ces hoquets de l’orchestre, ces accords dialogués entre les instruments à vent et les instruments à cordes, qui vont et viennent en s’affaiblissant toujours, comme la respiration pénible d’un mourant, puis font place à une phrase pleine de violence, où l’orchestre semble se relever, ranimé par un éclair de fureur; voyez cette masse frémissante hésiter un instant et se précipiter ensuite tout entière, divisée en deux unissons ardents comme deux ruisseaux de lave; et dites si ce style passionné n’est pas en dehors et au-dessus de tout ce qu’on avait produit auparavant en musique instrumentale.»

Berlioz avait l’oreille experte, et tout en étant déconcerté, il entendait parfaitement le génie, ce qui n’était pas le cas de la plupart des mélomanes de l’époque, pas plus que celui de son professeur de musique. On rapporte qu’au sortir d’une des premières exécutions françaises de la Cinquième, son maître lui déclara :

– Il ne faut pas faire de la musique comme celle-là !

– Ne vous en faites pas, répondit Berlioz, ça ne risque pas d’arriver très souvent.

Berlioz caricature Gustave Dore 1850

Berlioz © Gustave Doré

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