L’édition face à Hadopi

Mes anciens confrères éditeurs viennent de publier un excellent communiqué sur la loi Hadopi, par la voix de leur syndicat.
Je cite:

Communiqué du Syndicat National de l’Edition du 24 juin 2009
Le récent avis du Conseil Constitutionnel sur la loi « Hadopi » consacre finalement la victoire des géants de l’Internet sur les créateurs culturels. L’accès à Internet fait désormais partie du droit fondamental à la liberté d’expression et de communication. Selon ce nouveau principe, Internet et tous les medias et moyens de communication devraient être d’accès gratuit. Or, ils ne le sont pas. En même temps, en rendant pratiquement impossible la lutte contre le piratage, les contenus culturels vont pouvoir être pillés et accessibles gratuitement. N’y a-t-il pas là une régression démocratique à refuser de rémunérer le travail intellectuel, l’œuvre de l’esprit, alors qu’on accepte de payer pour des biens matériels ou des services ?

La gratuité des contenus numériques – presse, musique, films, livres – est le miroir aux alouettes, l’appât destiné à attirer les internautes et à servir les intérêts des fournisseurs d’accès, qui se font passer pour les champions de la liberté d’expression. C’est un débat de civilisation essentiel : voulons-nous confier à terme la maîtrise de l’essentiel de nos œuvres à quelques multinationales, pour lesquelles ces « contenus culturels » ne représenteront qu’une part marginale de leur activité ? (…)

Je suis d’accord avec tout, sauf avec la première phrase: ce n’est pas la censure de la loi Hadopi par le Conseil Constitutionnel qui “consacre la victoire des géants de l’Internet sur les créateurs culturels”. C’était la loi elle-même, en refusant de les mettre à contribution.


photo Stefan / Flickr citée par Francis Pisani http://pisani.blog.lemonde.fr/2009/05/13/loi-hadopi-le-mauvais-exemple-francais/

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Olivier

“A qui profite le crime?”, donc…

Une excellente question, effectivement. Jusqu’ici soigneusement évitée…
Il est vrai que dans un débat où ne semblent acceptées que les questions appelant une réponse strictement strictement binaire (“oui/non”; “vrai/faux”; “bon/mauvais”; “voleur”/”exploiteur”; “salaud/faciste”; etc.), les Grandes Questions se retrouvent mécaniquement planquées sous le tapis, et par conséquent allègrement piétinées par les débatteurs.

Ou alors, un hommage à Tchekov s’est glissé dans ce communiqué. Et dans le sous-texte de la Grande Question se niche une pincée de la Grande Peur : “Nappés de quelle sauce seront nous croqués par le Grand Méchant Loup?”