La faute et l’honneur

Le Phèdre de Platon est un dialogue varié dans son fond comme dans sa forme. On y parle de l’amour, de la parole, de l’écriture, de la mort, de la campagne. C’est une vraie discussion entre deux amis, un jour d’été, à l’ombre d’un grand arbre, les pieds dans l’eau.

A un moment, la conversation semble se terminer. Socrate a avancé un argument auquel son ami s’est rendu. Il se lève, franchit le ruisseau au bord duquel il était assis. Mais il s’arrête, confronté à un cas de conscience. Ce qu’il vient de dire le trouble. Il sait qu’il a été habile sur le plan rhétorique, mais pas tout-à-fait honnête sur le plan intellectuel. Il déclare :

J’étais tout décontenancé par crainte, comme dit Ibycos, « que la faute commise à l’égard des dieux ne me vaille en retour de l’honneur chez les hommes ».

Il me semble qu’un tel cas de conscience n’arrêterait plus grand monde aujourd’hui. Et surtout pas notre Président, dont j’ai lu qu’il avait déclaré pendant la dernière campagne électorale qu’il ne connaissait rien de plus idiot que le « connais-toi toi-même » dont Socrate faisait sa règle de vie.

Si c’est vrai, c’est vertigineux.

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