Le génie du métro

Comme il aimait la musique, Monsieur Lavoux aimait particulièrement le grec et la poésie.

Il aimait le grec, parce qu’il était rempli de petits mots (mèn, dè, gar…) qui égayaient les phrases, restituant à l’écrit le chatoiement et la fantaisie de l’oral. Il nous faisait lire Platon dans le texte, et nous faisait suivre Socrate et Phèdre qui marchaient tranquillement tout en devisant, un matin d’été, les pieds dans l’eau de l’Illissos, avant de s’asseoir à l’ombre d’un platane.

Quant à la poésie, en tant qu’affaire de sons et de rythmes, il prétendait qu’on pouvait la trouver partout. Il suffisait, osait-il dire, que les yeux tendent l’oreille. Il affirmait que deux vers parmi les plus beaux de la langue française étaient écrits sur les portes des rames du métro :

Le train ne peut partir que les portes fermées
Ne pas gêner leur fermeture

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