Apparaître, vivre, et laisser la place

Les derniers jours de Papa avaient été des jours précieux, dont j’ai essayé de goûter chaque instant. Certains eurent une saveur amère, mais ce qui domina, ce fut la douceur, un certain calme, l’idée que ce qui s’accomplissait dans son agonie n’était ni scandaleux, ni révoltant, mais simplement la nature des choses : apparaître, vivre, et puis laisser la place.

Je crois qu’il est parti en paix. En paix, en tout cas, avec moi et avec tous ses proches. Il ne s’est jamais plaint. Il est toujours resté digne et droit, bien au-delà de ce dont je l’aurais cru capable. Il m’a impressionné par son calme, non seulement face à la maladie, mais face au doute et à la peur. J’ai été fier de lui. La fierté, en vérité, est un sentiment qu’il ne m’avait pas beaucoup inspiré depuis l’enfance. J’ai pris son agonie comme une leçon de mort, une belle et ultime leçon, la dernière chose qu’un père peut enseigner à son fils.

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires