Agonie

Elle raconte que son père, malade, avait réuni ses enfants. Fatigué de souffrir et de ne plus éprouver de joie, il avait décidé d’interrompre les traitements qui assuraient sa survie. Comme il était médecin, il leur avait décrit la succession des états cliniques par lesquels il allait passer. Eux, en retour, avaient promis de respecter sa volonté. Puis, ils s’étaient relayés pour le veiller en attendant la fin.

Elle raconte que l’agonie dura plus longtemps que prévu, mais que, comme convenu, ils s’étaient contentés de soulager ses douleurs. Après quatre ou cinq jours il était tombé dans le coma. Sans qu’elle en soit certaine, elle pense qu’à ce moment-là quelqu’un lui administra la potion finale. Et tout fut consommé.

That's all folks

Elle raconte qu’après cet épisode elle éprouva une intense douleur d’abandon, et du ressentiment à l’égard de son père, qui venait en quelque sorte de la quitter délibérément, elle et ses frères et sœurs. En même temps elle éprouvait de l’admiration pour le courage dont il avait fait preuve en décidant de partir. Elle raconte que les deux sentiments se combattirent jusqu’à ce qu’ils en viennent, plus tard, à n’en faire plus qu’un et qu’ils se confondent, comme un feu qui brûle et éclaire à la fois, en une expérience ardente de liberté.

S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Éric Padieu

“Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins”
C’est fou ce que ceux qui partent peuvent être synthétiques dans les leçons de vie qu’ils nous laissent