Notes de répétition

Ce soir, concert aux 3 baudets. J’ai mis au programme trois nouvelles chansons : Pauvre Vénus, Un jour -un poème de Boris Vian que j’ai tout récemment mis en musique-, et Si j’étais un arbre.

Scott, Gérard et Patrick (mes amis musiciens) les ont découvertes (et travaillées) lors de la répétition. Ces trois “zicos” m’éclatent toujours autant. A vrai dire, une des choses qui m’épate le plus, c’est qu’en même temps qu’ils affinent la rythmique et les harmonies d’un nouvel accompagnement, ils écoutent attentivement les paroles. Après que j’ai chanté “Un jour”, qui est un poème truffé de mots inventés (Un jour, il y aura autre chose que le jour : le jodel, l’arcanson, l’auraille, le baroïque, etc…) Scott (qui parle désormais un très bon français) était décomposé. – Pourquoi fais-tu cette tête ? lui demandé-je. – J’ai rien compris… Quant à Gérard, après Pauvre Vénus, il me pose deux ou trois questions sur la grille, et puis : -Dis donc, j’ai rêvé, ou bien tu fais rimer Cythère avec sphincter, dans cette chanson?

sphincter.jpg

Mon plus grand plaisir, c’est quand une nouveauté leur plait vraiment. Je crois pouvoir dire que c’est le cas pour Si j’étais un arbre. Nous venions de la “tourner” pour la deuxième fois lorsque Gérard s’est étonné : -C’est quand même bizarre qu’avec des chansons comme ça, on ne soit pas plus connus…

Rendez-vous ce soir pour en juger. C’est complet, mais on pourra toujours se pousser un peu…

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Clo

Pa(r) l’sang bleu ma plume a fourché !
Lire au troisième vers : “Ma nourrice me prenait dans ses BRAS”. La rime libre n’interdirait pas formellement du moins : ” Ma nourrice me prenait dans ses BARS” – la VO nettement plus poétiqe est
légèrement moins licencieuse.
Dans la mauvaise version la nounou serait entraineuse de bar la nuit, nourrice le jour, initiatrice zélée à ses heures perdues – des choses que la morale réprouve, des poèmes “pour aller en prison”
– comme les chansons « grolandesques » d’un certain CRASSENS interprétées par le fameux Le Porestier et diffusées dans une émission aussi cuuuulte que cracra. Mais je m’égare …
Déniaiser un adolescent n’est aucunement le rôle d’une nourrice. Il faut la condamner et lui conseiller de prendre un gramme de bromure comme Hyppolite (le fils puceau de Thésée) à sa belle maman
qui lui fait des avances dans le Pastiche de Phèdre bien connu d’Arbon (Fourest in La Négresse blonde).
Concernant Boris, je peux préciser de source sûre qu’il a abondamment biberonné dans sa jeunesse. S’il n’usait pas les tétines de sa nourrice, il abusait des biberons prodigués jusqu’à un âge
avancé en guise de goûter par la Mère Pouche (nom affectueux d’Yvonne Vian) à ses rejetons. Il faut se figurer Landemer en Normandie en 1930, Boris –le Bison (10 ans) et ses deux frangins, Lélio
-dit Bubu (12 ans) et Alain -rebaptisé Nana Viali (9 ans), les trois inséparables biberonnant à l’ombre d’un grand parasol en bord de mer dans le giron de la Mère Pouche en voilette et capeline –
chapeautée à la plage comme à la ville. Témoignage recueilli par mes zigs dans le Cotentin, auprès d’une voisine des Vian (Bio du Bison à 20 ans). Mon éditeur étant avare de lignes, cet épisode de
la vie du Bison n’est mentionné nulle part dans mon livre (erreur à rattraper dans la prochaine édition).

Clo

« Un jour » est un de mes poèmes préférés du Bison…
Dans le même recueil- publié en 1962 par JJ. Pauvert- il y a le poème éponyme : « Je voudrais pas crever », magnifique ! Vian lui doit en partie sa gloire posthume. Dit par Jean-Louis Trintignant,
le 23 juin 2009- ça donnait la chaire de poule… J’aime aussi « Le temps de vivre », moins connu. Et dans une autre veine, celle des Cantilènes en gelée la Chatterie- poésie illustrée par Catherine
Alanore – lue dans l’ édition originale (Ed. Rougerie1949 ) extrait :

« Quand j’avais douze ans, on descendait
Tous en bande vers la Pointe-à –Pitre
(…)
Ma nourrice me prenait dans ses bars
À douze ans j’étais aussi grand qu’elle
Mais j’aimais encore tenir dans ma bouche
La pointe ronde et noire de ses beaux seins lourds
Nous nous étendions derrière les cannes.
Le vent bruissait parmi leurs feuilles longues
Aigües et poudrées de soie rêche
Ma nourrice était toujours nue
Et moi, toujours déshabillé
Aussi, nous nous entendions bien.
Elle avait une odeur sauvage
Et des dents blanches plein la figure.
La terre sentait l’orbenipellule
Et les fleurs de Kongo brûlant
Nous recouvraient de leur pollen orangé.
Pendant trois saisons, j’ai eu douze ans
(…)

Clo

Un jour
Il y aura autre chose que le jour
Une chose plus franche, que l’on appellera le Jodel
Une encore, translucide comme l’arcanson
Que l’on s’enchâssera dans l’oeil d’un geste élégant
Il y aura l’auraille, plus cruel
Le volutin, plus dégagé
Le comble, moins sempiternel
Le baouf, toujours enneigé
Il y aura le chalamondre
L’ivrunini, le baroïque
Et tout un planté d’analognes
Les heures seront différentes
Pas pareilles, sans résultat
Inutile de fixer maintenant
Le détail précis de tout ça
Une certitude subsiste : un jour
Il y aura autre chose que le jour.

Boris VIAN