Deuxième jour: démontage de la sonnette
Troisième jour: en attendant Françoise
Françoise Verny n’est pas loin : elle est au fond du stand, affalée entre deux cartons. Car la soirée avance, et la consommation de whisky aussi.
On va la chercher, on l’aide à se lever, on lui dit : –Françoise, nous devons vous présenter quelqu’un. Elle se redonne rapidement une contenance, allume une Gitane sans filtre, vient vers moi la lippe en avant, et me tend la main.
-Françoise, voici Jean-Pierre Arbon.
Quand elle entend mon nom, elle retire sa main. Elle me fixe d’un regard curieusement pénétrant et vitreux à la fois, les paupières fermant ses yeux jusqu’aux pupilles, et déclare (ce sont les premiers mots que j’entendrai de sa voix) :
-Je ne vous aime pas. J’ai appris votre arrivée par le Canard enchaîné. Vous ne connaissez rien à l’édition. Vous allez nous faire chier avec de la gestion, du marketing, des budgets : des conneries. Je ne vous aime pas, je sens que je ne vous aime pas.
Elle tourne les talons et regagne le fond du stand.
J’en reste comme deux ronds de flanc.
Toi qui t’attendais à la pelle en ce 18 juin 88!
p.s.: pour ceux qui souhaitent voir la vraie Françoise Verny, je renvoie à l’iillustration à la rubrique “Simone”: à l’époque Dubout l’avait juchée sur une trotinette, preuve qu’alors elle n’abusait pas du whisky…ou qu’il ‘était pas encore 18h!
Quel succès !!