Un voyage en autocar

​Il est quatre heures du matin. J’ai la bouche sèche et le cœur qui cogne. Je sors d’un rêve.

Le rendez-vous était donné près d’un kiosque à journaux, boulevard Saint Germain. C’était l’été, il faisait beau. Des chaises avaient été disposées en rangs serrés sur le trottoir. Je suis arrivé à midi quand presque tout le monde était déjà là. Deux hommes se sont encore présentés après moi. Ils se sont glissés sur les deux sièges restés libres, et nous avons raillé leur retard. Puis nous avons découvert que nous faisions tous partie d’un orchestre. Les chaises sont devenues les fauteuils d’un autocar décapotable, qui s’est mis en route vers un petit cinéma du quartier, où il nous a déposés. Nous sommes entrés un par un. Il y avait à peine une trentaine de places, la salle était tendue de velours rouge usé, nous l’avons occupée entièrement. Sur l’écran, un film avec en alternance Brigitte Bardot et une starlette de dessin animé. Il y avait du sang sur les accoudoirs.

Puis nous nous sommes retrouvés au centre de la France, dans un paysage vaste et vallonné. Nous roulions sur la route jaune d’une carte Michelin en relief. Arrivés près d’une ville nommée Nevoges, nous avons été bloqués dans un embouteillage sur une bretelle d’autoroute. Des remorques et des containers encombraient l’aire de stationnement. Il faisait chaud. — Arrêt pipi, a dit le chauffeur. Nous sommes descendus à proximité d’un grand mur blanc, devant lequel étaient installés deux distributeurs de t-shirts semblables à deux grosses boites de mouchoirs en papier. On se servait gratuitement. Derrière, il n’y avait rien que trois cuvettes en plein air et un urinoir, cachés par un rideau de douche. J’ai attendu que l’urinoir se libère. Une femme en débardeur vert m’a bousculé pour s’asseoir sur la cuvette voisine. — Allez-y, me dit-elle, je ne vous gênerai pas. Tu parles. Impossible de pisser. À ce moment-là, quelqu’un a crié à l’aide. Nous avons couru sans savoir d’où ça venait. Puis nous sommes remontés dans le car.

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Brian Thompson

De beaux rêves, en fin de compte…