© E B David
Il m’apparaît de plus en plus nettement que je ne comprends pas grand chose à la marche du monde. Je ne la vois qu’à travers le trou d’une serrure : celle de ma sensibilité et de mon intelligence. Tant que j’étais concentré sur ce que j’apercevais, je me croyais capable de formuler un jugement. Mais maintenant que j’ai pris un certain recul, et que je peux voir la serrure à laquelle je suis collé, je prends conscience de l’étroitesse de mon champ de vision et de l’énormité de tout ce qui m’échappe. Je n’ai qu’une appréhension ridiculement partielle des choses. Une infinité d’entre elles me sont cachées et celles que je crois connaître sont en interaction perpétuelle avec d’autres que je ne connais pas, de sorte que la connaissance que je pense en avoir est nécessairement limitée à l’extrême, voire illusoire.
Je pense à Socrate et à « ce que je sais c’est que je ne sais rien ». Je pense au Christ et à « ils ne savent pas ce qu’ils font ». Je crois que ce sont là les deux seules certitudes de quelque solidité qu’un homme puisse acquérir.
Je les prends pour deux incitations majeures à la prudence lorsqu’il s’agit de se mêler des affaires du monde. Pour ma part je préfère m’en tenir à l’écart.
Cher Jean-Pierre, toi qui a étudié l’économie du monde, tu sais que lorsque tu payes des impôts, tu participes à ce monde en contribuant à son financement. Donc, tu n’en est pas si à l’écart que cela.
Ton blog, par ailleurs, propose un regard supplémentaire, qui nous entraîne vers la vie, la liberté, l’humour, l’amour et l’espoir.
Par contre, oui, face à l’infini, reconnaissons que nous sommes à la fois infiniment petits et appelés à découvrir toujours plus nos horizons.
Une part d’infini vibre en nous, qui sommes des êtres finis.