Théâtre sans bibliothèque

M’est arrivé entre les mains, par quelque concours de circonstances, le manuscrit d’une pièce de théâtre. Il était accompagné de la note d’intention de l’auteur : « Après leur rencontre, deux génies de la littérature entretiennent une correspondance passionnée et magnifique. C’est cette correspondance imaginaire que je donne ici à entendre. »

Bien, me dis-je, voici qui ne manque pas de souffle : écrire, à la place non pas d’un mais de deux génies, des choses extraordinaires, la barre est haute.

Il se peut cependant que l’auteur, qui est aussi comédien, ne s’en remette, pour produire cet effet de vérité, à la magie de l’oral, à cet art du verbe dit qu’a décrit Quintilien :
« Considérons les acteurs : si bon que soit un poète, ils savent ajouter tant de grâce à son texte que nous sommes infiniment plus charmés à les entendre qu’à les lire ; et ils sont également capables de gagner un public même au dernier des auteurs, si bien que tel qui n’a pas sa place dans les bibliothèques n’en hante pas moins les théâtres* ».

Bel hommage à l’importance de l’interprète.

* Cité par Cyril Delhay, l’Art de la parole, Dunod

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