Scènes de la vie des Légers (7) : Prêts de livres, Dangers des bibliothèques

 

Prêts de livres

Un Léger, si un livre lui a plu, il en parle autour de lui, et pour que ses amis le lisent toutes affaires cessantes, il le leur prête. Au début, il espère qu’ils le lui rendront, mais il sait que, même confiés à la personne la plus honnête du monde, c’est le destin des livres vagabonds de ne presque jamais retourner à leurs propriétaires. Quelques semaines passent, et le Léger oublie : il oublie le livre, il oublie à qui il l’a prêté, il en a lu d’autres depuis, il y a tellement de livres à lire.

Le Léger peut ainsi en venir à considérer que les ouvrages qui s’accumulent chez lui sont les mauvais livres, les œuvres médiocres dont il n’a pas eu envie de partager la lecture, et ceux-là, il ne les garde pas, il fait le vide régulièrement, et les donne à qui veut, ou les jette.

*

 

Dangers des bibliothèques

Il peut arriver qu’on soit écrasé par sa bibliothèque. Bien que le cas soit extrêmement rare, on a rapporté celui d’un Industrieux qui avait consacré sa vie à chercher la clé du monde dans un empilement de textes et de commentaires, et qui avait fini, par un terrible coup du sort, englouti sous des centaines de grimoires, quand toute la connaissance qu’il avait accumulée s’effondra sur lui alors qu’il se saisissait du Talmud.

De façon similaire, un Rutilant, dont les étagères étaient remplies de gros livres reliés achetés au mètre, voulut s’emparer, tout en haut du meuble, pour les montrer à des amis, de quelques revues dans lesquelles son nom avait figuré. Il déséquilibra toute la construction, sous laquelle on le retrouva aplati.

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(à suivre)

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Bruno SERIGNAT

J’aurais du mal à me faire écraser par ma liseuse bien qu’elle contienne plusieurs centaines de livres…