Scènes de la vie des Légers (32) : Sans elle, Faiseur d’yeux

 

Sans elle

A force de vivre à tout instant avec l’Ineffable, tous les jours, toutes les nuits, quand il arrive au Léger d’être séparé d’elle, ce qui l’entoure change de couleur. En quelques heures, tout prend des teintes plus sombres. La solitude, qu’il aimait autrefois, laisse pénétrer en lui des humeurs irisées de nostalgie existentielle. C’est comme s’il nageait, au crépuscule, dans une eau déjà nocturne, le long de rochers déjà noirs. Les choses de la vie (faits, gestes, pensées), prennent des miroitements obscurs.

Et il se demande s’il avait éclairci ses souvenirs ou si c’est bien là, sans elle, la véritable couleur du monde.

*

 

Faiseur d’yeux

Les Légers pensent que, quelle que soit l’idée qu’on s’en fasse, si Dieu existe, Dieu est Amour. Ils n’en démordent pas.

Et ceux d’entre eux qui croient en un Dieu céleste pensent qu’un défunt qui se présente devant Lui, même s’il a mal vécu, même s’il est couvert de fange et boursouflé de péchés, même s’il ne peut regarder Dieu en face, Dieu lui dira : – Qui donc fit les yeux, sinon Moi ? et qu’Il lui permettra de Le voir.

*

Fin (?)

 

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