Scènes de la vie des Légers (31) : Mélopée, Source

 

Mélopée

Elle était pâle. Elle souffrait de nausées. – Ça va aller, a-t-elle dit. Il l’a prise dans ses bras. Ils se sont serrés fort l’un contre l’autre.

C’était le matin, il faisait bon. La tête posée sur l’épaule du Léger, l’Ineffable a commencé à fredonner une mélopée inconnue, envoûtante, dont les vibrations légères ont résonné dans leurs cous et dans leurs deux poitrines. C’était un chant indien infiniment doux qu’elle avait appris lors de sa dernière séance d’art-thérapie.

Ils se sont regardés, la rue s’est vidée, le ciel s’est ouvert, et quelques notes fragiles, sorties de l’éternité, les ont tenus enlacés dans le plus bel instant du monde.

*

 

Source

Un autre matin. L’Ineffable a les mains violettes, les yeux cernés, les joues creuses. Elle a la fièvre, elle frissonne. Elle se blottit contre le Léger. – Tu me fais du bien, dit-elle, tu me fais tellement de bien.

Elle souffre, elle colle sa bouche à la sienne, elle s’y abreuve longuement, comme à une source de courage et de soulagement. Il essaie de ne pas décevoir sa demande, il s’efforce de lui donner ce qu’elle veut trouver en lui. Il serre dans ses bras son corps amaigri, il pose sa main sur sa nuque, il répond simplement à son baiser, et il y prend plaisir, un intense plaisir.

Et ce qu’il y a d’étrange dans cette scène qui se répète, c’est qu’elle est du bonheur véritable, malgré tout.

*

 

(à suivre)

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