Combat
Certains hommes (peut-être même la plupart) ont besoin d’un combat. La vie, à leurs yeux, n’a de sens que dans la lutte. Cette lutte peut être la défense ou la conquête d’une grande et noble cause (Dieu, la patrie, la liberté, la justice). Ce peut être aussi la confrontation à quelque chose de plus intime : un complexe, une souffrance, un manque, un handicap.
Combien de ces hommes, arrivés à l’âge des bilans, affirmeront avec fierté : « Toute ma vie je me suis battu pour ceci ou contre cela ? » Et combien d’autres, leurs semblables, rumineront en silence la douleur d’avoir renoncé à livrer ces mêmes batailles, ou de n’avoir pas mené le combat jusqu’au bout ?
Pas les Légers. Eux voient la vie comme un ruisseau qui court sur le flanc d’une montagne. Les luttes ne leur parlent pas. Et même, pour tout dire, elles les étonnent. Car le ruisseau coule, c’est sa nature : il va sa pente, il suit son cours. Si quelque pierre lui fait obstacle, il l’entraîne ou la contourne. Cela ne fait pas de chaque caillou un ennemi.
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Présent
Les Rutilants reprochent principalement aux Légers leur manque d’ambition. Les Industrieux, leur oisiveté.
Les Légers s’en moquent. Ils ne cherchent pas à se définir par ce qu’ils accomplissent. Ils tentent de s’en tenir exactement au présent. Ils n’espèrent pas le futur, et restent à l’écart des alanguissements de la nostalgie. Ils échappent ainsi à la tension temporelle dans laquelle vivent les autres. Cela peut donner l’impression qu’ils sont au repos.
Leur posture est pourtant loin d’être immobile, car le temps avance, et les heures passent, les saisons, les années. Et ce temps inexorable, il ne s’agit pour eux ni de le devancer ni de le laisser fuir, mais de se tenir sur sa vague haute et fine, comme un surfeur dont la planche serait le présent.
Un Léger a dit un jour : « Le temps passe. Le présent reste. C’est tout ce qu’il y a à savoir. »
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(à suivre)