Sagesse et affaires publiques

Si l’on en croit Sénèque, Epicure aurait dit : « le sage n’approchera point des affaires publiques, à moins de circonstances imprévues ».

Je lui donne mille fois raison. Sauf en cas de troubles majeurs, le sage évitera de se mêler du gouvernement de la cité. Non seulement il n’a rien à y gagner, sinon de l’agitation, des ennuis, des critiques, des désagréments, et la perte du recul nécessaire à l’épanouissement de sa sagesse, mais encore les affaires publiques elles-mêmes ont plus à redouter de son intervention qu’à s’en réjouir. Le sage pense large et loin : ce n’est pas ce qui convient le mieux à la conduite d’une collectivité humaine au quotidien. Il me paraît bien plus avisé d’en confier la direction à des personnes de bon sens, d’esprit concret, honnêtes, attentives aux détails, et capables d’empathie : ce sont là les qualités requises, et si la sagesse bien sûr ne les exclut pas, elle est toutefois assez loin de les garantir.

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