Richard Dupierreux

Dupierreux, Richard (1891-1957), fut, si l’on en croit la notice qui lui est consacrée, « romancier, journaliste, critique d’art. Docteur en droit, avocat à la Cour d’appel de Bruxelles. Professeur à l’Institut supérieur des Arts décoratifs de Bruxelles. Chef de cabinet de Jules Destrées, ministre des Sciences et des Arts. Dirigea le service artistique, littéraire et théâtral du journal “Le Soir” auquel il collabora sous le pseudonyme de Casimir. Élu membre de l’Académie royale de Belgique (1956). Né à Couillet ; mort à Ixelles ».

Il aurait sans doute rejoint la foule des importants défunts anonymes s’il n’avait un jour du printemps 1936 rédigé la critique de l’exposition surréaliste qui se tenait alors au palais des Beaux-Arts de Bruxelles, et qui rassemblait, entre autres, des toiles de René Magritte et de Paul Delvaux. 

De Magritte, il écrivit dans son papier que son art « froid, impersonnel, académique » en faisait « un des pompiers du surréalisme. » « Une figure d’homme dont le nez se termine en pipe, est pour la Lampe philosophique ; une tranche de jambon au milieu de laquelle un oeil nous regarde, et c’est le Portrait ; un œuf cuit dur, coupé en deux sur une étagère bleue, devant un ciel noir, signifie le Feu souterrain. Ainsi, une série d’inventions laborieuses, prétentieuses, enfantines, font appel à une curiosité maladive. »

Magritte, La lampe philosophique, 1936

C’est peu dire que Magritte goûta mal ce jugement. Il prit sa plume dès le lendemain, et adressa au brave critique le mot suivant :

Cher Monsieur Dupierreux,
La bêtise est un spectacle fort affligeant mais la colère d’un imbécile a quelque chose de réconfortant. Aussi je tiens à vous remercier pour les quelques lignes que vous avez consacrées à mon exposition.
Tout le monde m’assure que vous n’êtes qu’une vieille pompe à merde et que vous ne méritez pas la moindre attention. Il va sans dire que je n’en crois rien, et vous prie de croire cher monsieur Dupierreux en mes sentiments les meilleurs.
Magritte

Et voilà comment on passe à la postérité.

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires