Temps clafoutis

​Les rêves, dès qu’on s’éveille, ils vous échappent, on ne sait plus très bien les raconter. Dans celui-ci, il était question d’un événement qui revenait tous les ans. J’en ignorais la nature, mais je sais que chacun mettait le plus grand soin, non pas vraiment à le préparer, mais à le maintenir bien en évidence au cœur de la saison où il devait se produire. Il ne fallait pas relâcher l’attention qu’on lui portait, tout le succès tenait là-dessus. C’était si vrai que dans mon rêve on le comparait à un clafoutis : l’événement était une cerise, la saison qui l’entourait la pâte, et la cerise devait tenir au milieu de la pâte, sans flotter en surface ni tomber au fond. Je me souviens que nous étions toute une compagnie réunie autour d’une table de cuisine, secouant doucement un calendrier où la date de l’événement avait été entourée de rouge, à nous efforcer de donner au temps la bonne consistance afin que la chose que nous célébrions, ainsi enrobée et placée au bon endroit, diffuse largement son parfum tout autour d’elle, bien avant qu’elle ait lieu, et bien après qu’elle fût passée.

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