Raccourcir les queues

Bien que leur étude date de 2012, on vient d’apprendre (Le Monde en ligne du 11 septembre) que deux chercheurs danois, MM. Trine Platz et Lars Osterdal, ont fait une découverte considérable : on optimiserait la gestion des files d’attente si l’on servait en priorité le dernier arrivé dans la queue.

La démonstration est assez technique (voir ci-dessous), et je ne suis pas du niveau pour aller vérifier leurs calculs (mon ami Béra pourra s’en charger).

Queue disciplineMais l’optimisation mathématique est une chose, et la mise en pratique en est une autre. Dans des situations de file d’attente, les gens préfèrent l’équité à l’efficacité. Donc, ils préfèrent que celui qui est arrivé en premier soit servi le premier (c’est la vieille méthode FIFO, first in first out). Le LIFO ( last in first out) est psychologiquement inacceptable.

Il existe de nombreuses circonstances où le comportement qui diminuerait le temps d’attente est assez contre-intuitif. Quand deux files de voitures, par exemple, doivent fusionner en une seule, si la circulation restait sur les deux files jusqu’au lieu du rétrécissement, l’attente serait réduite à la faveur du “zipper effect“, ainsi nommé par analogie avec le mécanisme d’une fermeture éclair. Mais le plus souvent les conducteurs, dans tous les pays civilisés du monde, se rabattent bien avant l’endroit où la file devient unique, ralentissant ainsi l’écoulement global du trafic. Sauf en France, où, grâce à l’esprit individualiste et au manque de sens civique de nos compatriotes, nous savons d’instinct réduire la durée des embouteillages.

Zipper_animated

« Zipper animated » par DemonDeLuxe (Dominique Toussaint) — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons –
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Zipper_animated.gif#/media/File:Zipper_animated.gif

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Éric Padieu

Non, le Français est encore plus génial que ça et a su exploiter une faille spatio-temporelle : il arrive, tel Félix Klein rentrant dans sa bouteille, à se rabattre APRÈS que la route se fut rétrécie. Aberration topologique ou vraie capacité à se mouvoir hors de l’espace cartésien et ses trois ridicules dimensions ?
Le Français, très cultivé, a préféré lire Edwin Abbott que René Descartes.