Prix Goncourt et destin

Dans son roman La plus secrète mémoire des hommes, prix Goncourt 2021, Mohamed Mbougar Sarr écrit : « Un hasard n’est jamais qu’un destin qu’on ignore ». C’est une hypothèse : les événements ont un sens ; une force qu’on ne connait pas vraiment, nommée destin, fortune ou providence, gouverne souterrainement nos vies ; l’identifier, la connaître, discerner les perspectives qu’elle dessine est la clé de nos existences.

Dans son roman L’Anomalie, prix Goncourt 2020, Hervé Le Tellier écrit : « Le destin, ce n’est qu’une cible qu’on dessine après coup à l’endroit où s’est figée la flèche ». Deuxième hypothèse : l’homme est réfractaire à l’absurde ; il a besoin de sens ; il ne peut pas accepter que les choses se produisent sans raison ; il trouve toujours une explication car c’est un inventeur d’histoires ; pour les cas obscurs, il invoque le destin.

Le monde, comme le Goncourt, se partage entre ces deux visions. Pour ma part, j’incline plutôt vers la seconde, mais je suis moi-même partagé. Si le destin n’est sans doute qu’une construction de l’esprit, la soif de sens est en nous si forte que la façon dont nous appréhendons l’espace et le temps peut en être bouleversée. « C’est ce que je trouve qui me dit ce que je cherche » dit Pierre Soulages. La question du hasard et du destin est résolue si l’on pose que le présent détermine le passé.

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