Peur des foules

​Je me tiens à l’écart des foules sentimentales. Je n’aime pas les manifestations de masse. Je ne fais d’exception qu’une fois l’an environ, quand mon ami Jacques m’invite à un match de rugby.

Je ne sais pas bien pourquoi je crains la foule. Il se peut que sa puissance me fasse peur. Peur d’être pris dans quelque chose de beaucoup plus fort que moi. Peur d’entrer dans des passions où je perdrais le contrôle de moi-même. Peur de l’hystérie possible de la multitude, de ses mouvements, de ses convulsions, de sa houle. La foule est une mer, physique et affective, où j’ai peur de me noyer.

Ce faisant, je me prive des grands moments de communion collective, et n’éprouve que de loin, dans mon coin, la ferveur des émotions partagées. Par pudeur, je pleure caché, ou m’exalte à distance. Car la communion aussi m’effraie, comme une forme de noyade.

© Abaca

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