Multiplication des princes

J’ai commis, dans mon article d’hier, une erreur que l’un de mes lecteurs, fort instruit des affaires moyen-orientales, a immédiatement relevée. Je ne peux avoir croisé le roi Ibn Séoud, ou Ibn Saoud, quand j’étais enfant, puisqu’il est mort en 1953. On le nomme d’ailleurs Ibn Séoud à tort, car il s’appelait en réalité Abdelaziz ibn Abderrahmane al Saoud. C’est donc avec son fils, le roi Saoud ibn Abdelaziz al Saoud (Saoud, fils d’Abdelaziz), que j’ai partagé ma clinique, avant que ce dernier ne soit déposé par son demi-frère Fayçal, en 1964.

Tous les rois d’Arabie qui se sont succédé depuis Abdelaziz, fondateur de la dynastie, sont des fils de celui-ci : Saoud (fils n°2), Fayçal (n°3), Khaled (n°5), Fahd (n°8), Abdallah (n°10) et Salmane (n°25). Il y en a encore en réserve puisqu’Abdelaziz a eu 43 fils au total. Quant aux filles, on a renoncé à les compter (elles sont de toute façon quantité négligeable dans la tradition du pays). Comme le remarque mon correspondant, « les distractions étaient rares, le soir dans le désert ».

enterrement roi abdallah

Les héritiers n’ont d’ailleurs pas manqué à leur tour de souffrir de cette pénurie de divertissements. Pour s’en tenir à mon compagnon de clinique, Saoud, mon correspondant m’indique que c’est 56 fils qu’il a eus ; les filles, bien sûr, on en ignore le nombre. Comme tout descendant mâle de la lignée d’Abdelaziz alias Ibn Séoud a droit au titre de prince, on voit que, loin de constituer une denrée rare, le prince arabe est en grand danger d’être dévalué.

Il est en effet facile de calculer que si chacun d’eux a produit une cinquantaine d’enfants mâles, à la quatrième génération, celle d’aujourd’hui, on en est environ à 125 000 princes. A la suivante, le désert aura cessé d’être le désert.

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