Les coups de pied aux crues du zouave

Depuis que l’eau de la Seine monte, on ne parle plus que du zouave du pont de l’Alma. A-t-il les pieds dans l’eau ? La crue est bénigne. Les genoux ? Ça se corse. La poitrine ? C’est très grave. En 1910, date de la dernière crue majeure de la Seine au cours des derniers siècles, seules sa tête et son épaule droite dépassaient.

Et puis, quelqu’un s’étant avisé que le pont de l’Alma n’est pas le même aujourd’hui qu’en 1900 (on l’a en effet reconstruit au début des années 1970), les réseaux sociaux se sont mis à frémir de toutes sortes d’interrogations. Si le pont a changé, si le zouave a été déplacé, les comparaisons sont-elles valides ? Les « décodeurs » et « décrypteurs » de tous poils (décodage et décryptage sont les deux mamelles de l’information de nos jours) se lancent dans des recherches et des supputations. Même ceux du Monde.fr se lancent dans des calculs abscons pour savoir si la statue est plus haute ou plus basse qu’avant, et nous affirment dans la foulée qu’il est passé « de l’aval à l’amont du pont.»

Résultat: les décodeurs nous embrouillent, et les décrypteurs s’emmêlent les pinceaux. J’apporte ici mon témoignage de vieux parisien : le zouave a toujours regardé vers l’amont. Il a été repositionné vers la rive droite, mais je me souviens avoir lu lors de la construction du nouveau pont que toutes les dispositions avaient été prises pour qu’il se situe exactement à la même hauteur qu’auparavant.

Il y a des coups de pied aux crues qui se perdent.

pont alma 1960

L’ancien pont de l’Alma vers 1960. Le zouave est côté rive gauche (tour Eiffel)

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