La justice française protège désormais avec constance les bruits de notre pays et de sa nature. Appelée récemment à trancher dans une série de procès pour nuisances sonores, elle a systématiquement débouté les plaignants : ceux qui, sur l’île d’Oléron, voulaient faire taire Maurice, le célèbre coq, lequel peut continuer de chanter à l’aube ; ceux qui prétendaient, près de Dax, couper le caquet à de braves canards qui cancanaient en paix en attendant d’être gavés ; ceux qui, en Dordogne, contestaient aux grenouilles d’une mare le droit d’y coasser à leur guise ; et ceux qui (des touristes), au Beausset, en Provence, suggéraient un usage massif d’insecticides pour réduire au silence les cigales.
Cette tendance jurisprudentielle visant à protéger l’environnement sonore naturel du pays semble si bien établie que si j’étais riverain de la place de la République à Paris, je ne me hasarderais certainement pas à critiquer le bruit excessif des manifestations passant sous mes fenêtres. Comme on l’a encore observé hier, le cri de protestation — et le claquement de la grenade lacrymogène qui souvent l’accompagne — sont eux aussi des éléments à part entière du patrimoine acoustique français.
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