Le sermon sur la chute de Rome

J’ai lu hier Le sermon sur la chute de Rome, de Jérôme Ferrari, un livre magnifique qui fait entendre, illustre et prolonge, en méditant somptueusement sur elles, quelques phrases puissantes de Saint Augustin.

En exergue est placée celle-ci :

« Tu es étonné parce que le monde touche à sa fin ? Étonne-toi plutôt de le voir parvenu à un âge si avancé. »

Je l’ai reçue comme une réponse à « l’avis de tempête » que j’avais publié la veille. Au fond, toutes les époques ont attendu la fin du monde. Et toutes, sous une forme ou sous une autre, l’ont plus ou moins connue. Car l’homme déteint sur le monde et le perçoit à son image, et la loi du temps, qui condamne l’homme à la vieillesse, s’applique pareillement au monde : si l’un est mortel, l’autre est mortel aussi. D’ailleurs Saint Augustin poursuit : « Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, et il meurt. Dans sa vieillesse, l’homme est rempli de misère, et le monde dans sa vieillesse est aussi rempli de calamités. »

Il y a beaucoup d’arguments, et semble-t-il une conjonction inédite de « calamités » objectives, pour faire de notre époque un temps où l’agonie du monde est particulièrement visible et sa fin imminente. Mais celle-ci n’a cessé d’advenir et de se renouveler : périodes glaciaires, déluge, chute de Rome et des empires, peste noire, révolutions, guerres mondiales. Les générations passent, et l’Apocalypse roule à l’horizon pour les siècles des siècles.

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