Le rosier de Madame Husson

Je parcourais Paris sur mon scooter, sans savoir où j’allais. C’était un Paris étrange, le boulevard Saint Michel avait été prolongé jusqu’à la mer, j’avais même été faire un tour sur la plage. Puis j’étais revenu en longeant la Seine. Les bâtiments qui la bordaient ressemblaient tous à des châteaux.

Roulant toujours, je suis arrivé à l’angle de la rue Lecourbe et de la rue de la Croix-Nivert, et j’ai remonté cette dernière vers la rue de Vaugirard. C’est là qu’habitaient mes parents. Arrivé à la hauteur de l’ancienne pharmacie de mon père, je me suis trouvé bloqué. Une file de personnes barrait la chaussée. Au numéro 239 de la rue se trouvait maintenant un cinéma en lieu et place de l’entrée de garage que j’y avais toujours connue, et ces gens faisaient la queue pour y entrer.

Au bout de la file, en face du magasin Nicolas, riant et gesticulant, juste vêtus d’un maillot de bain et dissipés comme des gamins, il y avait mon père, mon oncle, et leur ami Jacques R. — Mais qu’est-ce que vous faites là tous les trois ? leur dis-je. — Eh bien on va au cinéma, me dit mon père. — Comme ça, dans cette tenue ? — On fait ce qu’on veut, intervint mon oncle, il fait beau !

Mon scooter s’est alors mis à décoller de la chaussée. J’ai regardé l’affiche du film, c’était Le rosier de Madame Husson, puis j’ai disparu dans les nuages.

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