Le plateau vide de la balance

Aujourd’hui je n’ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.

Des oiseaux qui n’existent pas
ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leurs corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.

Ne rien faire
sauve parfois l’équilibre du monde,
en obtenant que quelque chose aussi pèse
sur le plateau vide de la balance.

(Roberto Juarroz, Treizième poésie verticale. Traduction de Roger Munier. © José Corti, 1993.)

C’est en écho à mes chants d’oiseaux d’hier qu’une amie m’a envoyé ces mots du poète argentin Roberto Juarroz, « grand poète des instants absolus » selon Octavio Paz.

Je remercie du fond du cœur toutes celles et ceux qui comme elle se sont associés d’une manière ou d’une autre, par un message, un bref commentaire, un « like », ou tout simplement une pensée, au départ de Maman. Faute de cérémonie et de rassemblement physique, ils ont pesé sur le plateau vide de la balance, rétabli un instant l’équilibre du monde, et formé un cortège invisible que Janine aura été heureuse de contempler, avant de s’éclipser en souriant.

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Claudine

Magnifique poème, merci mon Amour et merci Georgina.
La cérémonie pour ta maman dans la petite église d’Amou fut à la fois sobre et belle, marquée par l’absence et le silence, mais aussi par une chaîne d’amour et d’amitié invisible. A côté du portrait de Janine, des roses et un bouquet de fleurs champêtres cueillies dans son jardin, et tout autour des bougies symbolisant ses petits-enfants et arrières petits-enfants.