Le labyrinthe et le mystère du mouton noir

Si j’en crois sa page FB, l’ami Béra nous rejoue en ce moment une version soft du Minotaure mâtinée d’Agatha Christie. Tel Minos en son palais crétois, il possède en effet dans sa propriété du Val de Loire un labyrinthe (végétal) dans lequel vient d’errer pendant quarante-huit heures, en lieu et place d’un monstre mangeur d’hommes à tête de taureau, un mouton noir.

Le mouton dans le labyrinthe

Le mouton, quelle que soit sa couleur, est un animal qui n’est guère réputé pour son intelligence. Celui-ci était bien incapable de trouver la sortie. Il avait d’ailleurs été fort imprudent de s’aventurer dans ces parages, car un nombre élevé de ses semblables y avaient été autrefois mis en broche et dûment rôtis. C’était au temps où le maître des lieux offrait à ses amis une fois l’an un banquet à base de viande ovine et de vin de Bourgueil, également agrémenté d’asperges, de merguez et de tartes Tatin. La coutume semblait en être tombée en désuétude, mais on murmurait qu’au dernier printemps quelques agneaux avaient repris le chemin du bûcher.

Revenons à notre mouton (requalifié en bélier depuis qu’une dame du voisinage a affirmé avoir aperçu ses organes reproducteurs au moment où il franchissait en sautillant la porte du domaine). Un Thesée local, sous l’apparence d’un jardinier, entra courageusement dans le dédale pour aller à sa rencontre. Il le trouva couché et comme à l’agonie. N’ayant ni le cœur de l’achever ni celui d’essayer de le faire sortir, il le laissa là. Pendant le temps qu’il mit à regagner l’issue, il s’avisa que le plus sage était d’informer les autorités de l’existence de ce bélier errant, quoique inerte.

Il s’avéra que M. Panurge, éleveur des environs, venait précisément de signaler à la mairie la disparition d’une de ses bêtes de même sexe et de même couleur. Aussitôt contacté, l’homme enfourche sa bicyclette, arrive en hâte sur les lieux, se précipite dans le labyrinthe à la recherche du mourant mouton, le traque dans toutes les allées, fouille chaque recoin, l’appelle en bêlant, imite le cri des brebis, explore le moindre cul-de-sac : l’animal est introuvable. « Pouf ! » comme l’écrit joliment l’ami Béra : le corps a disparu.

Que s’est-il passé ? Simple malaise ? Résurrection ? Enlèvement par un aigle ? Le mystère est total. Gageons qu’il sera vite élucidé : la gendarmerie et les anciens de l’Ecole Normale Supérieure seraient sur l’affaire. D’ici là, je souhaite à M. Panurge de trouver le sommeil, lui qui jamais ne cesse de compter les moutons.

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ace24

Excellent, je me suis littéralement régalé !