Le gland et la citrouille

J’ai rapporté l’autre jour une histoire mettant en scène Nasruddin Hodja. Ce pittoresque personnage a réellement existé. C’était un mollah, qui vécut au XIIIè siècle en Anatolie, dans le sultanat des Seldjoukides, et au sujet duquel circule un nombre considérable d’anecdotes comiques, absurdes ou paradoxales. Dans ces histoires, qui sont très connues dans le monde musulman, Nasruddin est tantôt fou tantôt sage, tantôt benêt tantôt savant, tantôt riche tantôt mendiant. A travers lui et ses aventures s’incarne le versant joyeux et populaire de la philosophie soufie.

Exemple : Le gland et la citrouille. « Un soir, étendu sous un chêne, Nasruddin se fait la réflexion que nous vivons dans un monde étrange, que la nature est mal faite et que tout marche à l’envers. — Pourquoi ce chêne énorme porte-t-il ces minuscules glands qui pendent à ses branches de façon ridicule alors que la magnifique citrouille se traîne lamentablement à terre comme une tortue ? Mais à peine vient-il de se poser la question qu’il reçoit un gland sur la tête.
— Allah est grand ! dit-il. »

La Fontaine a repris ce conte à sa manière dans la fable du même nom. On notera que dans sa version, Allah est grand devient Dieu fait bien ce qu’il fait, ce qui semble un équivalent très judicieux, et qu’il le place dès le commencement du récit alors que la tradition persane le réserve à la conclusion.

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