Le chien qui porte à son cou le dîné de son maître

Dessin de JJ Grandville

On ne trouvera pas mauvais qu’avant le deuxième tour des élections municipales, je livre ici une fable peu connue : Le chien qui porte à son cou le dîné de son maître.

Un chien apporte son repas à son maître. D’autres chiens l’attaquent en chemin. Face au nombre, plutôt que de risquer sa vie en défendant la pitance, il préfère en prendre sa part.

D’après un certain Brossette, qui l’écrit à Boileau, tout part ici de faits réels : « Le sujet en est tiré d’une lettre de M. Sorbière, qui assure que l’aventure décrite dans cette fable était arrivée à Londres, du temps qu’il y était ». Mais Brossette, citoyen lyonnais, ajoute qu’il en allait de même dans la capitale des Gaules : la prévarication et la corruption régnaient alors semble-t-il dans ces villes (« échevins, prévôts des marchands (…) [c’était] un passe-temps / De leur voir nettoyer un monceau de pistoles »), et tous les édiles s’y livraient, même ceux dont au départ on ne pouvait pas soupçonner l’honnêteté.

Voilà le point : « tous tant que nous sommes / Nous nous laissons tenter à l’approche des biens ». Une personne intègre ne pourra pas le rester longtemps au milieu de gens corrompus. L’esprit et la chair des humains sont faibles, et comme le dit joliment La Fontaine en préambule : « Nous n’avons pas les yeux à l’épreuve des belles / Ni les mains à celle de l’or ».

Ceux qui élisent leurs conseils municipaux demain seront donc particulièrement attentifs à leur bulletin de vote.

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