Le bar de la marine

J’avais lu un Simenon. Le port des brumes. Ça se passait vers Ouistreham, dans une atmosphère humide et nocturne. Je me suis vu dans un café imaginaire, au bord d’un canal. Derrière la vitre embuée est apparu le visage d’une ex.

Le souvenir suscite parfois des fantômes.

Un peu par hasard
Je n’sais plus comment
J’entrai boire un verre au petit bar de la marine
Comme il était tard
Deux ou trois clients
S’égosillaient gentiment à chanter Nuit de Chine
Dans le soir blafard
Dehors sur un banc
Tu me regardais à travers la vitrine
 
Qu’est-ce que tu faisais
Dans ce coin perdu
Sur le quai mouillé entre l’autoroute et la brume
Y’avait des années
Qu’on ne s’aimait plus
Par la vitre embuée passait la pâleur de la lune
Tes traits se brouillaient
Que me voulais-tu
C’est bizarre je me souvenais de toi plus brune
Plus brune
 
J’ai levé la main
Tenté de capter
Ce regard figé dont tu transperçais ma mémoire
Un passé lointain
Soudain remontait
Au triple galop me submerger de notre histoire
De petits matins
Radieux oubliés
Qu’on ait vécu ça c’est difficile à croire
A croire
 
Enfin, je voyais que tu étais parvenue à survivre
Enfin, il semblait que tu étais parvenue à survivre
 
Le patron a dit
“ Allez c’est fermé ”
Et je suis sorti du petit bar de la marine
La tête étourdie
Le cœur égaré
Les autres poivrots s’accrochaient à leur nuit câline
Tu n’as pas souri
Je n’ai plus bougé
Jusqu’à ce que ton corps se dissolve dans la bruine

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1 Commentaire
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annick c

L’oiseau ne s’est pas envolé si loin…