L’agur

Il y avait quinze ou vingt ans que je n’avais pas assisté à une corrida. J’ai été invité à celle du 15 août à Dax, et le spectacle, en vérité, n’eut rien pour enthousiasmer les aficionados, et encore moins pour susciter chez les néophytes l’amour des courses de taureaux. Le seul moment vraiment plaisant fut celui où Terciado, 480 kilos, sortant du toril, fit en gambadant placidement trois tours de piste sans chercher à donner le moindre coup de corne, s’envola cul par-dessus tête dans une magnifique cabriole dès qu’on lui présenta une cape, et fut renvoyé promptement là d’où il venait, sain et sauf, pour être échangé contre un moins chanceux que lui.

Mais peu importait, en fait. Ce que le public attendait en ce cinquième et dernier jour des fêtes de Dax, c’était l’agur (prononcer : la gourre), c’est-à-dire ce final où, toros et toréros ayant quitté l’arène, celle-ci est investie par toutes les bandas de la région, qui se réunissent pour dire adieu à la feria en musique. Alors les festayres, tenue blanche et foulard rouge, défont leur foulard et l’agitent en rythme, dans un unanime et saisissant au-revoir.


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