La toile des contes. C’est ainsi que s’appelait la collection que Jean-Claude Carrière dirigeait chez 00h00. (J’en ai conservé quelques titres dans ma bibliothèque.)
À propos de ces récits, où l’Afrique et l’Orient se taillent la part du lion, Carrière notait qu’on en avait la mémoire parce qu’au XIXe siècle, époque des occupations coloniales, certains administrateurs européens, par curiosité ou par sympathie, avaient recueilli des traditions orales et les avaient transcrites. « Ils sont, poursuivait-il, les premiers témoignages que nous possédions, en anglais ou en français, sur une très longue tradition d’imagination et de pensée. Il faut naturellement les prendre avec précaution, car ils portent la marque du temps où ils ont été recueillis, et de la mentalité des premiers folkloristes (…) [Ils sont] une première oreille tendue, une première rencontre, faite d’intérêt, de surprises et souvent d’émerveillement. Et sachons que ces textes rapportés sont parfois les seuls témoignages qui nous restent sur des peuples qui, sans cela, n’auraient même pas laissé leur nom dans l’histoire. »
Le mot de l’éditeur précisait qu’en les publiant, nous voulions en effet donner à entendre « la sagesse diverse du monde, sur la perte de laquelle notre époque actuelle de globalisation aurait intérêt à méditer ».