Quand quelqu’un lui adresse une prière absurde, le Ciel a deux options : l’exaucer ou ne l’exaucer pas. S’il l’exauce, et que sa complaisance entraîne des conséquences dommageables, alors il fait preuve, comme le dit plaisamment La Fontaine, d’une « bonté cruelle ».
Je ne sais si c’est souvent le cas (je n’ai pas accès aux statistiques des vœux et des prières), mais je n’en serais pas étonné. La plupart des requêtes formulées chaque jour à l’intention du Ciel ou de la Providence ne font probablement que refléter les désirs et les frustrations de ceux qui les émettent, et j’imagine qu’à la longue l’instance que l’on implore, fatiguée de leur nombre et de les refuser toutes, décide d’en appuyer quelques unes et met en effet un peu malice à ne pas se montrer « sourde » à « d’aveugles souhaits ».
Ici la queue d’un serpent, lasse de suivre sa « sœur la tête », exige de conduire à sa place et d’être celle qui va devant. Le Ciel a la bonté cruelle de le lui accorder. On devine comment cela finit.