La femme (de l’éponge à l’épouse)

Nous tenons d’une vieille tante un curieux ouvrage paru en 1910*, en quatre volumes, qui constitue une sorte d’encyclopédie de La Femme (c’est son titre) : dans la nature, dans les mœurs, dans la légende, et dans la société.

Je me contenterai aujourd’hui d’évoquer le premier tome, sur la femme dans la nature. Son auteur, Edmond Perrier, qui est aussi le coordonnateur de l’ensemble, prend le sujet d’assez loin et avec beaucoup d’élan, puisqu’il démarre par le pistil et la sexualité dans le règne végétal ; poursuit avec la reproduction des éponges, des polypes et des méduses ; enchaîne sur les mœurs des vers, des mollusques, des poissons et des batraciens ; pour en arriver enfin à la physiologie des mammifères et aux deux sexes de l’espèce humaine. Il déduit de cet impressionnant survol que la nature a fait l’homme et la femme dissemblables, de sorte que « l’instruction des femmes doit avoir pour but (…) de leur permettre de devenir des épouses accomplies et des mères informées et prévoyantes ». (Je me demande en quoi l’étude des éponges permet d’aboutir à cette conclusion.)

S’ouvre alors, rédigé par un certain Dr Verneau, un chapitre anthropologique impensable aujourd’hui, intitulé Les caractères physiques de la femme dans les races. À sa décharge, nous sommes en 1910, la bonne conscience colonialiste règne, le politiquement correct n’a pas encore cours, le wokisme encore moins, et il peut donc se livrer à des descriptions détaillées de différents types de femmes dans les mondes noir, jaune, américain et blanc, « depuis les races les plus inférieures jusqu’aux races supérieures ». Sont ainsi passées en revue les Hottentotes, les Patagones, les Tamoules, les Abyssines, les Aléoutes, etc, avec des photos de spécimens (généralement nues) en illustration.

Je n’ose reproduire ici la plupart des descriptions. La plus positive concerne la Géorgienne, « grande, svelte, admirablement proportionnée (…), des yeux magnifiques, largement fendus et ombragés par de longs et beaux cils (…) une bouche d’un dessin irréprochable ». Hélas, elle est « dépourvue de cet éclair que met dans les yeux l’intelligence », ce qui, commente notre auteur, « est assez souvent le sort des très belles femmes dans toutes les contrées du globe ».

 

 * La Femme dans la nature, dans les mœurs, dans la légende, et dans la société. Maison d’édition Bong, 1910

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