Jubilaćion et σχολη

Les Espagnols désignent la retraite par le mot jubilaćion. Et si jubilaćion ne veut pas dire jubilation, on ne peut nier que ce sont deux mots de la même famille.

Le terme traduit en tout cas le sentiment qui saisit La Fontaine lorsqu’il déclare son amour pour la retraite dans la fable Le Songe d’un habitant du Mogol. Il y écrit qu’il aspire, « loin du monde et du bruit », à « goûter l’ombre et le frais », mais aussi et surtout à se livrer tout entier à la compagnie des Muses, c’est-à-dire à la joie de s’instruire et de se cultiver.

Quand pourront les neuf sœurs, loin des cours et des villes,
M’occuper tout entier, et m’apprendre des cieux
Les divers mouvements inconnus à nos yeux,
Les noms et les vertus de ces clartés errantes
Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes !
Que si je ne suis né pour de si grands projets,
Du moins que les ruisseaux m’offrent de doux objets !
Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie !

Ce que La Fontaine chante, c’est très exactement la σχολη (scholê) des Grecs : cet arrêt, cette prise d’écart, qui avant que son sens ne dérive vers école, scolarité, etc, signifia d’abord le repos, le loisir, puis les occupations studieuses ou savantes auxquelles ce loisir était employé.

 

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