Paul Valéry avait pour habitude de consigner ses idées dans des cahiers. Il les recueillait ainsi de peur de les perdre, car il lui en venait beaucoup, et il en noircissait des pages entières, non sans s’enchanter parfois de leur qualité inattendue.
Comme nous avons tous tendance (Paul Valéry inclus) à penser que les autres fonctionnent comme nous (ce qui est globalement vrai, mais peut se révéler très faux dans les détails), le poète, lorsqu’il rencontra Albert Einstein, qu’il admirait beaucoup et dont il supposait que le cerveau pétillait en permanence, lui demanda comment il notait les siennes.
— Noter des idées ? s’étonna Einstein. Mais, mon cher, des idées, on n’en a que deux ou trois dans sa vie…