Gloria et mousmé

​Je viens de faire, grâce à un service d’écoute en ligne, la découverte de la messe en mi bémol majeur de Schubert. Son Gloria est étonnant : chaque verset en est écrit sur des notes longues, sauf les deux dernières syllabes, mus-te, très brèves, dont la répétition (Lau — dá — mus te, be — ne — dí — ci — mus te, a — do — rá — muste, glo — ri — fi — cá — muste) m’a rapidement donné l’impression qu’un mot nouveau était apparu, muste donc, ou “mousté”.

Et voyez comme je suis facile à distraire : à peine formé, voici que ce mousté se détache de l’œuvre et envahit ma pensée. Il se transforme, s’altère, mousse-thé, moucheté, mousmé, et m’emporte par sa sonorité vers des rêveries japonisantes, raffinées et sensuelles, qui, quand on le rapporte ainsi, paraissent bien loin de la prière, mais qui peut-être chantaient encore sans le savoir la gloire de Dieu.

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