Nous nous sommes rencontrés à la maison de la radio, lors de la remise des prix de l’Académie Charles Cros, en novembre dernier. Il est d’usage, au cours de cette cérémonie, que chacun des lauréats interprète un morceau de son répertoire. Gaël Faye était l’un d’eux. C’est là que nous l’avons découvert, simplement accompagné d’un musicien gabonais d’une surnaturelle douceur.
Ce musicien jouait de l’udu, et chantait à voix nue, d’une voix de velours incroyable, une mélopée de son invention. Sur ce fond musical d’une beauté étrange, Gaël s’est mis à poser les paroles d’un rap. Je ne suis pas un grand amateur de rap, mais là j’ai pensé : comment peut-on écrire aussi bien ? Quel est ce miracle ?
A la fin du morceau, j’ai échangé un regard avec Claudine, et j’ai vu qu’elle pensait comme moi. Mais elle s’était déjà projetée dans la suite. Elle est descendue sur le plateau, s’est présentée à Gaël et Jearian, l’homme à l’udu, leur a parlé de Chansons et mots d’Amou, leur a demandé d’où sortait ce titre que nous venions d’entendre, a appris qu’il était tout frais écrit car ils ne se connaissaient l’un et l’autre que depuis trois semaines, et leur a sur le champ proposé d’en faire la base d’un spectacle qui serait créé à Amou au mois d’août. Gaël a dit oui. Ainsi fut fait*. Ainsi naîtra Legato, samedi 8 août, dans les arènes d’Amou.
Gaël Faye, Jearian et son udu, Samuel Kamanzi © Cecile Le Couviour
Nous avons eu la chance d’assister il y a six semaines à un premier filage de ce spectacle. Il est magique. Il ne faut surtout pas le rater. Gaël Faye va se réinstaller au Ruanda, qu’il a quitté quand il avait sept ans. Sa présence en France va devenir rare, les occasions de voir Legato encore plus.
* “Ainsi fut fait” résume un peu vite des mois de travail : de Gaël avec Jearian, bientôt rejoints par un troisième extraordinaire larron, Samuel Kamanzi, chanteur et guitariste ; de Claudine, pour créer les conditions de cette création, trouver les partenaires, finaliser les accords ; de l’Académie Charles Cros, en la personne de son président Alain Fantapié et de son adjoint Jean-Marc Vaudagne, qui ont permis qu’un travail de résidence soit possible ; de la ville de Château-Thierry et de La Biscuiterie, sa salle de concerts, où Legato a en grande partie été écrit, composé et mis au point. Bravo et merci à tous.
Heureux de voir Gaël Faye, un tel talent, croiser ta route de chanteur et d’organisateur de festival. Le 8 août malheureusement je serai à l’étranger mais si j’étais dans le Sud Ouest j’aurais mis le cap jusqu’à chez vous… C’est un homme rare.
Merci Laurent ! Je t’attends à Amou quand tu voudras.