Etre vieux

Je relisais hier les maximes de La Rochefoucauld. L’une d’elles, qui ne m’avait pas frappé jusqu’ici, m’a sauté aux yeux : « Peu de gens savent être vieux. » C’est sans doute qu’avec l’âge, je me sens désormais concerné.

Être vieux, c’est assez simple, et tout le monde peut y arriver. Comme disait je ne sais plus qui (ah, la mémoire !) « pour vivre vieux, vivez longtemps ». Mais savoir l’être ? Ne plus singer la jeunesse, accepter l’outrage du temps, ne plus se dire « dans dix ou vingt ans », parce que dans dix ou vingt ans…, apprivoiser l’idée de la mort ?

Personne ne donne des cours de vieillesse. C’est une chose qui s’éprouve et ne s’apprend pas. Autant on trouve partout des conseils pour rester jeune, performant, séduisant, autant la démarche inverse est incongrue. On se prépare d’ailleurs d’autant moins à être vieux qu’on dissimule le phénomène sous des euphémismes : les vieux, ou les vieillards, ont fait place aux personnes âgées, au troisième âge, aux seniors, et même depuis quelque temps aux « boomers ».

Cette dernière appellation est une référence au baby-boom de l’après-guerre, mais constatons que le baby est tombé. Un vieux est-il aujourd’hui un bébé caduc ? Et que serait-ce alors que de savoir l’être ?

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