Vendredi, à l’Elysée. Ciel maussade, jour déclinant. Je me trouvais seul dans le salon qui sert d’antichambre à la salle des fêtes. Il avait plu. Les jardins avaient un air triste. Les reflets des lustres dans la vitre s’accrochaient aux arbres nus comme des fantômes de guirlandes. Au bout de la pelouse, le jet d’eau du bassin semblait être en exil dans une saison qui n’était pas la sienne, et coulait sans intéresser personne.
Dans la salle voisine cependant, l’atmosphère était plutôt joyeuse et les bruits de conversation enflaient. Marie Christine Barrault m’avait fait l’amitié de m’inviter à la cérémonie au cours de laquelle lui étaient remis, par le président de la République en personne, les insignes de commandeur de la Légion d’Honneur. Avec elle, trois autres récipiendaires : Françoise Fabian, Marie-Claude Pietragalla et Amin Maalouf. Quatre personnalités qui incarnaient ce soir-là « le théâtre, le cinéma, la danse et la littérature » comme le remarqua pour s’en réjouir Emmanuel Macron dès qu’il prit la parole.
Les discours apologétiques constituent un exercice périlleux. L’évocation des carrières et des mérites de celles et ceux que la Nation distingue ne doit être ni sèchement factuelle, ni ridiculement dithyrambique, et l’orateur se situe souvent sur la ligne de crête entre l’éloge et l’emphase, l’admiration sincère et la flatterie. On peut penser ce qu’on veut d’Emmanuel Macron, mais c’est un genre dans lequel il excelle. Quand il a évoqué le travail de lecture publique auquel Marie Christine consacre désormais la majeure partie de son temps, et qui consiste à donner voix et chair à une œuvre, il a eu cette jolie formule : « vous arrachez les textes à leur inertie de papier ».
BRAVO et FÉLICITATIONS, le Festival CMA était bien présent !!!