Eloge de la lenteur

​L’automne est là, le crépuscule, appelez ça comme vous voulez : le déclin arrive. Comme je ne suis pas monté bien haut, la pente n’est pas encore très forte. Mais je la sens, j’entrevois le fond distant de la vallée profonde, et je me demande si je serai capable de goûter les plaisirs de la descente.

J’avais autrefois une vieille amie dont j’aimerais qu’elle me serve de modèle et d’inspiratrice dans cet exercice. Elle ne marchait qu’à grand peine appuyée sur sa canne. Au lieu de s’en plaindre, elle s’en réjouissait. Quelque temps avant sa mort, elle avait écrit un petit texte extraordinaire qu’elle avait intitulé Eloge de la lenteur. Elle y racontait que l’âge, qui ne lui permettait plus de courir dans la rue, lui fournissait l’occasion, grâce au temps extrême que lui prenait le moindre pas, de prêter enfin attention à tout ce que notre vitesse habituelle nous empêche de voir : un reflet sur la chaussée, une porte cochère ouvragée, un nuage dans le ciel, le regard d’un enfant. Et, à Qui de droit, elle en rendait grâce.

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