Dire Brassens

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Brassens disait : « J’étais capable d’arranger des syllabes, mais je ne me prenais pas pour un poète (…) Si j’ai fait de la musique, si j’ai mis une mélodie derrière, c’est que j’ai pensé que les paroles ne se suffisaient pas à elles-mêmes. C’est mon opinion, mais je me trompe peut-être…

Oui, il se trompait. Voici à mon sens ce qui s’est passé dans sa tête. Il a tellement fréquenté les poètes, Villon, La Fontaine, Lamartine, Hugo, il est devenu tellement intime avec eux, qu’il a jugé qu’à l’aune de leurs écrits, les siens ne faisaient pas le poids. Et comme il avait grandi au sein d’une famille où l’on chantait tout le temps, il s’est épanoui dans un genre dont il est probablement l’un des inventeurs, et qu’il a porté à un degré inégalé : celui où le poète travestit ses œuvres en chansons.

Ce que Brassens nous a laissé, nous l’appelons donc : chansons. Toutefois, enlevez la musique de la plupart des chansons des autres, les paroles ne tiennent plus, elles s’affaissent, elles s’affadissent. Pas chez Brassens. Elles tiennent, elles sont solides, et d’une solidité souvent impressionnante. C’est pour cela que j’ai entrepris de les dire : pour faire entendre leur fermeté, ainsi que les subtils changements de ton qu’elles contiennent d’un couplet à l’autre, et que la musique parfois aplanit, ou dissimule, plus souvent qu’elle ne les révèle.

— Critiqueriez-vous, Monsieur, les musiques de Brassens ? — Non pas, bien au contraire. Mais si vous écoutez les textes seuls, vous y découvrirez des nuances — et des silences — que vous n’y aviez jamais entendus.

 * https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-oeuvres/georges-brassens-nous-rend-heureux-14-la-boheme-de-georges-brassens?

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AGUERRE G.

Le dire n’est pas comme le chanter, oh que non! Merci de nous le dire, alors, car ce dépouillement et ta voix m’amènent plus profondément à sa poésie.

Henri

Chanté ou parlé, une chose est sure, Brassens nous rend heureux. Et pour ma part depuis depuis longtemps…