Il parait que si l’on observait la planète de loin, à travers un filtre qui ne laisserait voir que les animaux, on n’apercevrait d’abord que des invertébrés, et principalement des insectes, ceux-ci composant 70% de toutes les espèces connues, quand les vertébrés n’en représentent pas même 5%. Pour voir des mammifères, qui sont moins d’une espèce sur deux cents, il faudrait encore écarquiller les yeux, et l’on verrait surtout des rongeurs. De sorte qu’en schématisant un peu, avec un tel filtre devant les yeux, le globe nous apparaîtrait couvert de fourmis et de scarabées, au milieu desquels courrait une poignée de rats.
Le tableau cependant est en voie de modification rapide. Des croûtes de désert deviennent visibles. La population animale décroît vertigineusement. Pas seulement les gorilles et les ours polaires, qui ont la faveur des gazettes, mais tous, tout ce qui grouille, rampe, tisse et vole, dont le nombre s’est divisé par trois en trente ans. Car notre espèce, homo sapiens sapiens, qui n’était qu’une parmi des millions, sorte de parasite et de prédateur suprême, prend toute la place et prospère provisoirement sur le déclin de toutes les autres. A travers ce filtre, vu de loin, et à l’échelle des temps biologiques, nous sommes un foudroyant cancer.
Hélas, comme tout cela est exact !