Cuisses de nymphes émues

Les nymphes, dans la mythologie, sont des divinités mineures de sexe féminin. Elles peuplent les bois, les grottes et les rivières sous l’apparence de charmantes jeunes femmes pourvues de tous les attributs de la grâce et de la séduction, mais dépourvues d’habits, la plupart du temps.

Leurs cuisses ne sont pas les moindres de leurs charmes. Peau veloutée, toucher ferme et moelleux, carnation rose pâle tirant presque sur le mauve : cette partie de leur anatomie a fait rêver des générations de peintres et de poètes. Elle a aussi inspiré les horticulteurs, qui ont baptisé « cuisse de nymphe » une variété de roses ayant des caractéristiques semblables, et « cuisse de nymphe émue » une de ses variantes, d’une teinte carnée un peu plus soutenue.

Un mien ami a planté dans son jardin l’un de ces rosiers. J’imagine qu’il se réjouit de la façon dont ses fleurs s’épanouissent et illuminent les bosquets de leur rougissement virginal (c’est leur nom en anglais : great maiden’s blush). Grâce à elles, désormais, il peut voir des nymphes partout au détour de ses allées, et je veux croire que l’émotion qui colore leurs cuisses ne va pas sans susciter chez lui quelque émotion en retour.

Si tout est bien ainsi, il rejoint Montaigne qui, sur le tard, se trouvant « trop rassis, trop pesant et trop mûr » et jugeant que « les conditions de la vieillesse » ne l’assagissaient que trop, confiait qu’il « se laissait aller un peu à la débauche par dessein ; et employait quelquefois l’âme à des pensées folâtres, où elle se repose. »

Il faut savoir cultiver son jardin.

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ace24

une autre utilisation pour indiquer la bonne couleur de la viande lors de la cuisson des palombes dans la région du Luy

Bruno SERIGNAT

Il existe également plusieurs vins (rosés) qui utilisent le qualificatif de “cuisse de nymphe”.

annick c

Un bien joli rosier…