Conducteur de train

Au restaurant. Nous lions conversation avec notre voisin de table. Il est conducteur de train. Il aime son métier. L’idée de service public lui plait : permettre aux gens de se rendre là où ils doivent aller. Quand il voyage, il prend les trains des pays qu’il visite. A Madagascar, il a mis onze heures pour faire deux cent soixante dix kilomètres. C’était après le passage d’un cyclone. La voie avait été arrachée et les employés du chemin de fer prenaient les rails à l’arrière du convoi pour les poser devant. 

train madagascar ©burkhardweiss© burkhardweiss

Sa hantise, c’est que quelqu’un se jette sous les roues de son train. Ça lui est arrivé une fois. Les gendarmes avaient commencé par lui demander les papiers de son véhicule. Puis, lorsqu’il avait été clair que la victime s’était suicidée, ils avaient rédigé leur rapport dont (nous raconte-t-il sur un ton étrange où l’amusement le dispute à la tristesse) la conclusion disait : « Le piéton a commis une infraction qui lui a été fatale. »

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires