Un site de vente en ligne, sur lequel j’avais ouvert un compte il y a dix ans pour y vendre – y vendre quoi ? des livres sans doute… je ne me souviens plus –, ce site donc m’écrit pour m’informer que mon compte est en vacances depuis le 23 mai 2007.
Je vois bien que je les encombre, avec ce compte inactif. Je ne leur sers à rien, ils ne me servent à rien. Je devrais éliminer cette inscription, mais j’ai scrupule à interrompre les longues vacances de ce compte, ces huit années qu’il a passées à sommeiller au fond de la mémoire d’un quelconque serveur, à ne rien faire qu’à m’envoyer épisodiquement un message pour me dire qu’il existe encore, telle une sonde s’enfonçant doucement dans les profondeurs infinies de la matrice, où l’on connait le temps, et où l’on n’oublie rien.
De tels comptes existaient certainement avant l’informatique et Internet. À titre d’exemple, je reçois chaque année une invitation à des “soldes réservés” chez un tailleur réputé qui avait eu l’immense privilège (sic) de me vendre mon costume de mariage en 1979. N’ayant jamais repris le moindre contact avec ce commerçant (et n’ayant jamais répondu à ses sollicitations), j’en déduis que je possède chez lui un compte en vacances depuis 36 ans !